Alaska
Originaire de Marquise (Pas-de-Calais), Alphonse Pinart est issu d'une famille d'industriels. Il a dix-neuf ans lorsqu'il part pour « l’Amérique russe » au printemps 1871, en quête des preuves linguistiques du peuplement du Nouveau Monde.
Comme bien peu de masques subsistent aujourd'hui en Alaska, ceux de Boulogne sont primordiaux pour la connaissance de la culture Sugpiaq passée.
Après un long périple le long des côtes de l’Alaska en kayak qui le mène jusqu’au détroit de Béring, le jeune français s’installe six mois à Kodiak, parmi les Sugpiat, et à Afognak, principal village de l’île voisine. Il s’intéresse à la langue, mais aussi à tous les aspects de la culture. Il interroge les habitants sur leurs mythes, leurs rites. Les relations qu’il noue avec ses hôtes lui permettent d’obtenir des informations sur les festivals d’hiver pour lesquels étaient fabriqués les masques qu’il collecte au moment où les Sugpiat abandonnent cette tradition.
En effet Alphonse Pinart arrive à Kodiak à un moment clé : les colons Russes se retirent peu à peu et les Américains, qui leur ont acheté l'Alaska cinq ans plus tôt, ne sont pas encore totalement implantés. En 1871, il devait donc être plus facile d'observer les coutumes sugpiat et de collecter des masques et objets. A son retour en France, en 1875, il dépose l’ensemble au musée de Boulogne-sur-Mer.
Alphonse Pinart collecte des masques et objets. A son retour en France, en 1875, il dépose l’ensemble au musée de Boulogne-sur-Mer.
Les festivals d’hiver étaient des cérémonies de chasse qui avaient pour fonction d’assurer la prospérité et l’abondance du gibier pour la saison de chasse suivante. Ils débutaient en novembre, après la saison de la pêche au saumon et duraient tout l’hiver jusqu’à épuisement des réserves de nourriture.Ces cérémonies qui pouvaient regrouper des invités de plusieurs villages permettaient d’entrer en contact avec le monde des esprits, de les honorer et de commémorer les actions des ancêtres. Les danses masquées se succédaient au son des tambours, accompagnées de récits, de chants et de chorégraphies. A la fin des cérémonies, les masques étaient brûlés, cassés, jetés, ou bien conservés dans des grottes éloignées pour préserver les gens de leurs forts pouvoirs.
La culture Yup’ik est aussi présente dans les collections. Les Yupiit vivent sur la côte Sud-ouest de l’Alaska, dans la région du Yukon-Kuskokwim, la baie de Bristol et l’île de Nunivak.
Les contacts des Yupiit avec le monde extérieur ont été plus tardifs que pour les autres cultures d’Alaska. Ceci leur a permis de conserver d’avantage leur style de vie et leurs coutumes. La langue traditionnelle est toujours parlée et leurs traditions encore connues actuellement. L’étude de la culture Yupik a notamment permis à la culture Sugpiaq très proche de combler des lacunes dans la connaissance de ses propres traditions.
Aujourd'hui, le partenariat qui lie l’Alutiiq Museum de Kodiak et le Musée de Boulogne-sur-Mer s’impose donc. Il a pour objectif de développer les recherches et les échanges d'objets entre les deux musées par l’organisation d’expositions, d’échanges scientifiques et de voyages d’artistes. Depuis la mise en place du partenariat entre Boulogne et Kodiak, la création contemporaine sugpiaq tend à se diversifier.
La certitude d’avoir accès aux objets de leur passé, a libéré les artistes qui peuvent faire évoluer leurs créations pour que leur culture soit une culture vivante ancrée dans le présent.
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